Un chat noir dans ma porte patio. Image angoissante. Assis, les deux pattes de devant bien droites, il me regarde comme s’il détenait une vérité qui m’est encore inconnue, inaccessible. Il semble savoir ce que je ne sais pas encore. Il me regarde intensément de ses yeux verts profonds et sagaces, il me nargue. Je me sens naïve, comme exclue de ma propre réalité, mon élémentaire fondement. Quoi ? Dis-moi ! Je dois me méfier de quelque chose en particulier ? Ma vie est sur le point d’être bouleversée ? Ces aristocrates quadrupèdes sont assurément parmi nous pour une raison précise, outre celle de surveiller le fort lorsque nous, simples bipèdes, sommes partis courir après notre queue. Plus louche encore : il est dehors, je suis en dedans. Pendant quelques secondes figées, où je cherche pour la première fois un sens, un avertissement caché dans son occulte appel visuel, un puissant sentiment de désarroi m’envahit. Subitement, comme si mon temps était écoulé et mon unique chance de saisir une bribe inaccessible de mon existence, une réponse à une énigme depuis toujours insondée s’était évaporée, le chat se lève et quitte. Un éclair de lucidité me secoue. Délire ! Je fabule. Qu’attendais-je à apprendre de lui ? Malgré mes raisonnements, il me reste pourtant en travers de la gorge un goût inconnu. J’ai l’impression que ce chat est parti avec une vérité m’appartenant. La folle idée de le poursuivre afin de le questionner ne germe heureusement pas très longtemps dans mon esprit.
Par chance, il me reste un peu de contenance, tout de même...
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